Vers de nouveaux horizons...

COPACABANA ( toujours )

      Les îles du Titicaca ne sont pas la seule attraction de Copacabana. Les Boliviens y viennent en foule pour prier la Virgen de la Candelaria  à qui est dédiée une cathédrale qui en impose par la place qu’elle occupe dans la cité , par son portail et ses coupoles recouvertes d’azulejos et par la dévotion qui s’y manifeste notamment dans la ténébreuse galerie des cierges aux murs noircis par la cire, tout ceci étant sans doute destiné à contrebalancer l’influence des pratiques païennes profondément ancrées chez les indigènes.

Cette dévotion prend une forme toute particulière lors du baptême des voitures pour lequel on vient de partout, même du Pérou, et qui donne lieu à une débauche de décorations florales dont profitent les marchands du temple. L’officiant  ,lui,  se prête avec beaucoup de sérieux à la bénédiction, notamment du moteur (c’est souvent là que ça craint le plus !) Et tout ce cérémonial se déroule  dans une immense cohue, avec pétards et bouteilles de cidre ou de « champagne » local pour asperger les  véhicules voire leurs propriétaires (car, bien sûr, toute la famille est là !)

Un autre lieu  aussi sacré et tout aussi fréquenté : la colline du Calvaire. On y parcourt un vrai chemin de croix  mais avec, en compensation, une vue splendide sur le lac  en contrebas et un contact inhabituel avec les gens  dont la ferveur, ici encore, se mêle à de surprenantes pratiques de divination et à d’étranges offrandes qui  font que ces démonstrations chrétiennes sont parfois bien peu catholiques.

En tout cas , nous aurons pris plaisir  ces jours –ci à baigner dans cette foule que nous n’avions jamais ressentie aussi chaleureuse. Demain nous passons au Pérou…

Quelques visages d'ici...

      LA  PAZ –TITICACA

Retour à La Paz après deux mois passés en France du fait de l’hospitalisation et du décès de la maman de Bernard puis des fêtes de Noël. La Paz toujours égale à elle-même, toujours aussi brouillonne mais bouillonnante de vie. Le ciel a beau être gris, les fresques murales de Mamani Mamani éclatent de joie et  de couleurs en ce samedi de mariages où les dames arborent leurs plus beaux atours.

Ces couleurs, nous les retrouverons le lendemain, en route vers le Titicaca, dans le spectacle d’une grande lessive dominicale . Puis revoilà  le lac dans son immensité difficile à appréhender.

 A Tiquina, pas le choix : il faut traverser le détroit  animé par un grand déploiement d’embarcations dont la stabilité laisse parfois à désirer . On hésite un instant  à s’aventurer sur un plancher disjoint mais les bus le font bien… Gisèle a quand même pris soin de sortir du camping car tous les documents  …pour le cas où !

Au bout du compte, ça tangue mais ça passe et nous arrivons en fin de journée à Copacabana où nous resterons pour le nouvel an et d’où nous  envoyons nos meilleurs vœux pour 2013 à tous ceux qui nous suivent dans notre périple.

LA PAZ (du 28 octobre au ? novembre )

Si tu vas à La Paz, accroche-toi bien : la rampe est raide ( de 3200 à 4000 m ) et les rues et les maisons s’agrippent à flanc de canyon, un canyon si encaissé, si aride et si raviné (comme en témoignent les effets de l’érosion dans la Vallée de la Lune ) qu’on se demande qui a pu avoir l’idée d’établir une capitale de 3 millions d’habitants à cet endroit.

Et là-dessus quel populo, quelle animation, quelle circulation ! "Anarchique " est l’adjectif qui vient à l’esprit devant cette mêlée confuse de bus, de voitures, de piétons, aux trajectoires imprévisibles. Et pourtant ici les problèmes se règlent d’eux-mêmes, comme par miracle, aux carrefours et dans les bouchons, la police, très présente, paraissant elle-même débordée par une telle cohue. Sans compter les pentes impossibles, et La Paz, nous l’avons dit, est tout en pentes !

Epoustouflant et…essoufflant ! Nous revenons épuisés de nos premières journées de visites. Nous en retiendrons moins le centre administratif (palais du gouvernement, etc.) que les belles façades baroques, les collections de masques et de parures en plumes du musée ethnographique, les magnifiques patios des maisons coloniales, les rues colorées , le monde et les curiosités qu’on y côtoie, dans le quartier dit des sorcières où pendent des fœtus de lamas ou sur les marches du tribunal .

Au retour de ces journées, heureusement, nous retrouvons le home où nous gîtons dans un hôtel  épatant bien connu des globe-trotters, l’hôtel Plaza Oberland, tout en bas de la ville, là où il fait moins chaud. Le mieux est que nous y sommes parvenus sans avoir traversé La Paz, par les extérieurs, et donc sans encombres. Nous nous demandons cependant comment nous en repartirons.

    POTOSI ( du 19 au 23 octobre )

Nous quittons un peu à regret Tupiza, étape que nous recommandons. Mais il faut se bouger… Donc en route pour Potosi, un peu plus de 200 kilomètres de route quasi impeccable, au milieu de montagnes pelées qui cèderont la place à un peu plus de verdure et de villages à mesure que l’on s’en rapproche. Et enfin apparaît le fameux Cerro Rico, la montagne qui fit la richesse de la ville, à partir du 16^ème siècle et que l’on a exploitée de toutes parts pour son argent puis pour son étain.

 La ville, sise à plus de 4000 mètres brille par la magnificence de ses demeures coloniales et de ses monuments, notamment l’Hôtel des monnaies (où l’on peut suivre l’évolution de la fabrication des pièces d’argent qui étaient frappées pour les Amériques mais aussi pour l’Europe ),l’austère couvent  des Carmélites de Santa Teresa et de nombreuses églises, notamment de style baroque.

                                                                   LA CASA DE MONEDA

                                                                               SANTA TERESA 

Une grande animation règne dans la cité et dans les rues étroites et pentues, la circulation est très difficile mais nous arrivons quand même à bon port : la cour d’un hôtel résidenciel, le Copacabana. Nous allons pouvoir tout  de suite avoir un aperçu du Potosi nocturne jusqu’à ce qu’ une manifestation devant le siège de la police dégénère et que nous ayons pour la première fois de notre vie à goûter au parfum des gaz lacrymogènes. Gisèle, prise à la gorge, n’en revient pas.   

Nous décidons cependant de rester trois jours à Potosi où nous nous habituons progressivement à gérer les problèmes d’altitude. La ville a incontestablement du caractère ; ce qui a le plus séduit Gisèle, ce sont ses maisons colorées avec de nombreux balcons de bois.

Nous nous devons aussi  de sacrifier à un rituel : la visite des mines encore exploitées aujourd’hui par des coopératives ou des équipes travaillant pour leur compte. La vie est très  dure pour le mineur du coin évoluant dans des galeries étroites et obscures plus ou moins bien étayées, ou dans des goulets et des cheminées encore plus difficiles d’accès. Il est rétribué selon la qualité du minerai extrait . Un autel est réservé dans un coin au " Tio ", le dieu des mineurs à qui ceux-ci font des offrandes ( cigarettes , alcool à 90° ,feuilles de coca…) pour être protégés des dangers qui les menacent. Ceci dit, nous pensons avoir eu droit à une version " light " et à une vision pour touristes des conditions de travail. Nous pensons que ces dernières sont bien plus pénibles et périlleuses dans d’autres mines moins visitées.

 Au moment où nous écrivons ces lignes, on nous annonce que Potosi est bloquée pour toute la journée par des barrages de grévistes des entreprises de transports. Ce genre de manifestation , qui est quasiment une tradition ici,  remet à  une date indéterminée notre départ pour Sucre, la capitale constitutionnelle du pays.

                  Pas farouches du tout, ces viscaches; ils ont mangé avec nous!

                   Corail                                              et algues pétrifiés

                                                     Arbre de pierre